jeudi 28 juin 2007

Et je me suis retenue de pleurer, encore une fois!

Encore une fois, je me forçais à ne pas laisser couler ces larmes démangeaisantes!
En compagnie de ma mère, c'est toujours pareil!

On était devant le monoprix, je voyais sa fine petite silhouette!
Un teint brun que j'adore, elle ne devait pas avoir plus de neuf ans!
Les cheveux noirs brillants au soleil, un regard fade, insipide, une petite robe noire pointillée de blanc!
Une brise qui chatouilllait légèrement ses cheveux!
Je me rappelle encore d'elle en s'approchant!
Des pas hésitants, lents et peureux!
Le regard "cassé", de grands yeux noirs et tristes, j'avais déjà pitié de ce qu'elle est!!!

Mais ma mère m'a toujours répeté qu'il fallait malgré tout se méfier, des airs innocents, même des enfants!
J'avoue ne pas être à 100% contre mais je ne sais pas si je suis d'accord!

La petite s'approchait, elle était à ma droite, du coté de ma mère qui me parlait en s'apprétant à descendre de la voiture! Elle s'approchait et je savais que ma mère en aurait la trouille si en se tournant elle la trouvera juste à coté! "Famma bnaya jéyitték.. derrière toi" calmement, c'est ce que j'ai réussi à dire! Et ça a marché! Elle n'était pas effrayée!

Elle dit souvent détester mon sang froid!

La petite, son couffin entre les bras parlait à voix basse!
Je ne pouvais pas entendre mais j'étais prise par une contemplation de son visage, ses gestes, son regard!
Mon Dieu j'allais pleurer!

En baissant la vitre, elle nous a demandé si on voulait lui racheter du pain!

Un refus!

Elle est toujours là, déçue et pitoyable! Pauvre petite!
Gentiment, d'un ton tellement attendrissant, elle a proposé d'avoir "sittamiyé" pour "sitta 5oubzét" (600 millimes pour six pains)!
-"ta(pour tatta)? ta3tini sittamyé w té5ou sitta 5oubzét?"

J'étais un peu surprise, ma mère -qui lui a demandé de lui faire voir ce pain par curiosité et stupéfaction- encore plus!
Une lueur d'espoir sur sa jeune fisionomie brune et enfantine... mais tristement:
-"ta(pour tatta) brabbi ichri"
-"3leh?" Surprise et inquiéte, la voix attendrie
-"ta 5ater ma 7abbouch yitbé3ou!"

Sa5fétniiiiiiiiiiiiiii!!!!!!!!!!!!!!
J'étais sur le point de pleurer!! Et je me retenais! Encore!
Pour ma mère, il ne faut jamais montrer ses émotions devant autrui!
J'ai bien fait de mon mieux pour éviter ses leçons de morales et ses quelques reproches!

Elle a pas aimé, étant suspécieuse, elle doutait de leur propreté, mais elle a bien payé sans acheter!
Elle était touchée aussi par cette petite mendiante!
Et je commençais alors à me poser ces questions! D'où elle vient et pourquoi elle le fait?
Où sont ses parents? Etait elle écolière avant que cet été commence?!

Une fois l'an dernier, j'ai foncé, posé ces questions à deux autres que j'ai croisé devant un autre magasin!
Je les cherchais de temps en temps mais vers la fin de l'été, ils n'étaient plus là!

Une scolarité misérable avec des notes méprisables pour la fillette, son frère, agé de onze ans, avait déjà laissé tombé ses études il m'a dit!
Ils venaient de Gafsa, seuls, louaient chacun "un matelas" pour passer la nuit dans une chambre bourrée d'enfant comme eux chez un homme qui les fesait peur par sa cruauté!

Je me demande encore quel futur aura ce pays!
Des gens rien de plus pauvre, des gens au summon de la richesse, entre les deux: une minorité de familles qui essaye de ne pas tomber bas!

Les chemins se retrécissent: les uns vont vers les crimes, les vols, la violence... et ainsi, les autres se caractérisent par l'insouciance, la perte des valeurs, la cruauté, l'orgueuil excessif... concubinage, tromperies conjugales... une projéniture trop gatée, une autre trop affamée, pour pouvoir survivre et convivre!

Entre les deux, je demeure songive en me demandant ou va-t-on? Et va-t-on vraiment bien?!